𝐋𝐀 𝐑𝐈𝐂𝐇𝐄𝐒𝐒𝐄 𝐃𝐄𝐒 𝐈𝐍𝐈𝐓𝐈𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍𝐒 𝐂𝐎𝐋𝐋𝐄𝐂𝐓𝐈𝐕𝐄𝐒

Je prends beaucoup de temps à observer la vie, dans cet espace du non agir qui m'enseigne tout sur mon humanité.

J'observe les expériences que je vis, tant individuellement qu'au sein du collectif, érigé en société et en système(s).

Je vois combien nous sommes tous inter connectés, sans avoir besoin de nous fréquenter, ni même nous "connaître".

Je vois combien l'attitude de l'autre, son verbe, sa façon d'être et d'agir me racontent mon histoire. Celle de mes origines - je peux remonter loin, à aller voir du côté de mes racines qui me re-lient à d'autres, encore... -, de mes croyances, mes valeurs, principes, suppositions, projections, mes idéaux, mes peurs, et à celle, de la mort.

Cet autre qui me renvoie à mon humanité et de fait, ma mortalité.

Je vois, dans ces expériences collectives, notre difficulté d'être et à être, combien chacun est conditionné et campe fermement sur ces bases sur lesquelles il s'est construit, à essayer de tenir debout, quand toute sa structure est ébranlée par un mouvement de foule.

Je vois combien, dans ces phases de turbulence, je m'accroche à tout ce qui me tient, cramponnée à ces fondements solides, que d'autres, au lieu de venir agiter, feraient mieux de prendre en exemple.

Je peux brandir la devise "𝐋𝐢𝐛𝐞𝐫𝐭𝐞́, 𝐞́𝐠𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́, 𝐟𝐫𝐚𝐭𝐞𝐫𝐧𝐢𝐭𝐞́" en guise de bouclier, mais suis-je seulement consciente de ces états?

J'observe et m'interroge,

Très honnêtement, au-delà des lois sociétales, est-ce que je me sens libre d'être authentique, débarassée de mes masques et de ce personnage que je joue afin d'être acceptée, appréciée, aimée peut-être? Est-ce que j'ose cette liberté d'être qui je suis en vérité, sans avoir peur d'être jugée voire rejetée?

𝐄𝐬𝐭-𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐣𝐞 𝐦'𝐚𝐮𝐭𝐨𝐫𝐢𝐬𝐞 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐥𝐢𝐛𝐞𝐫𝐭𝐞́?

Est-ce que je me sens "à la hauteur", dans cette société de l'exigence et du toujours plus, ne me suis-je jamais sentie supérieure à un autre que je trouvais "moins" que moi?

𝐄𝐬𝐭-𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐣'𝐢𝐧𝐜𝐚𝐫𝐧𝐞 𝐯𝐫𝐚𝐢𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐥'𝐞́𝐠𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́? 𝐏𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞 𝐧'𝐞𝐬𝐭 𝐬𝐮𝐩𝐞́𝐫𝐢𝐞𝐮𝐫, 𝐩𝐚𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐪𝐮'𝐢𝐧𝐟𝐞́𝐫𝐢𝐞𝐮𝐫?

Est-ce que je respecte tout le vivant? Ne m'arrive-t-il jamais de juger un autre, de supposer qui il est, de remettre en question son point de vue, ses idées, ses croyances, de lui repprocher d'être qui il est, sa posture, son comportement? Suis-je en capacité de l'accueillir, sans pre-jugés parce que nos peaux ne sont pas de la même couleur, son crâne rasé, ses cheveux longs, roses, verts, bleus, violets parce qu'il a des piercings, des tatouages? Ne suis-je pas inquiétée par son apparence que j'estime différente de la mienne?

Est-ce que je ne veux pas que l'autre change pour me convenir?

Suis-je dans le respect et pour la liberté de tous les règnes du vivant? Je n'exerce aucun pouvoir sur aucun de ces règnes, je ne m'en attribue pas la propriété?

𝐒𝐮𝐢𝐬-𝐣𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐟𝐫𝐚𝐭𝐞𝐫𝐧𝐢𝐭𝐞́?

Dans chaque expérience collective, je vois combien être humain requiert de passer beaucoup de temps en sa présence, afin de mieux se connaître.

De prendre ce temps, précieux, d'identifier ces émotions, croyances, projections, suppositions qui nous animent et nous poussent à dire, être, agir de cette façon ou cette autre.

Ces initiations partagées collectivement sont des leçons d'honnêteté, d'humilité et d'humanité car quand j'arrête de me cacher derrière l'autre, alors je vois en lui mon histoire. Celle que je me raconte depuis ma venue au monde, celle que j'écris au quotidien et dans laquelle l'autre a le mauvais rôle. Et pendant tout ce temps que je passe à vouloir convaincre cet autre de changer afin que mon histoire me convienne davantage, je ne suis pas consciente que le changement ne viendra jamais de l'autre ni de l'extérieur, mais de moi.

Ces initations collectives sont une sacrée belle invitation à faire ma r-évolution intérieure afin de rencontrer mon humanité pour mon bien et celui de tout le vivant.

Fraternellement,

Maïtika Coeur Arc-en-ciel